Comprendre les sanctions imposées à Manchester City par l'UEFA

22/02/2020


Champion de Premier League en 2012, 2014, 2018 et 2019; Vainqueur de la FA Cup en 2011 et 2019; Vainqueur de la Carabo Cup en 2014, 2016, 2018 et 2019 et vainqueur du Community Shield en 2011 et 2014...depuis le rachat du club par l'Abu Dhabi United Group en 2008, Manchester City a tout gagné sur la scène nationale. Cet objectif, fixé par le président Khaldoon Al Mubarak dès son arrivée à Man City en 2008, a donc été une réelle réussite pour le club. Pourtant, une seule compétition est plus que jamais dans la tête des Skyblues aujourd'hui: la Ligue des Champions. A l'image du Paris Saint-Germain actuel, le club de Manchester veut "rêver plus grand" et gagner la première Champion's League de son histoire. Effectivement, si Pep Guardiola et les siens donnent tout pour atteindre les sommets européens, c'est parce que seul ce critère manque au Club pour rayonner à tous les niveaux, et rentrer définitivement dans la cour des "grands".

Mais la saison 2019/2020 semble être la plus importante de cette dernière décennie, alors que les échecs se sont multipliés en Europe et que d'autant plus, le club est dans une posture financière et donc sportive extrêmement délicate.


Vendredi 14 février, communiqué de l'UEFA.

La chambre de jugement de l'UEFA ( Union des Associations Européennes de Football) publie un communiqué à propos des "violations graves" du règlement du Fair Play Financier par le club de Manchester City: le club aurait, selon l'institution, gonflé ses revenus de sponsoring et a transmis de fausses informations à l'UEFA sur les revenus liés au sponsors du club sur la période 2012-2016.

L'UEFA par ce communiqué annonce des sanctions économiques mais surtout sportives très lourdes, puisque le club anglais est pour le moment exclu de toute compétition européenne pour les deux prochaines années en plus d'avoir à payer 30 millions d'euros pour réparer les fautes du club.


La réaction du club.

"Manchester City se trouve déçu mais pas surpris" de la décision de l'UEFA, comme il l'exprime dans son communiqué, sorti quelques heures après celui de l'instance européenne du football. Le club s'attendait effectivement à ces mesures alors que les finances du club était déjà surveillée de plus près dès novembre 2018, un mois décisif dans le football européen, celui des Football Leaks révélés par Mediapart. Le média français avait déjà dénoncé la situation financière de City, puisque selon leurs informations, les propriétaires émiratis auraient injecté 2,7 milliards de dollars au sein du club au cours des 7 dernières années, à l'aide de contrats de parrainage surévalués notamment. Des contrats qui enfreignent donc le règlement du Fair Play Financier.

Cependant, le club finit son communiqué en dénonçant le fonctionnement même du FPF, puisque le cas de Manchester Ciy a été "initié par l'UEFA, poursuivi par l'UEFA et jugé par l'UEFA". Le club souhaite un jugement impartial sur cette affaire et fait donc appel au Tribunal Arbitrale du Sport (TAS) pour contester cette décision, une démarche proposée par l'UEFA.


Comment l'appel de City au TAS peut bouleverser le futur du Fair Play Financier.

Il s'agit de la première fois dans l'histoire de l'UEFA qu'un club est sanctionné aussi durement par le Fair Play Financier, et donc pour une première, un club peut contester une décision de l'instance devant le Tribunal Arbitrale du Sport. Une décision qui d'ailleurs pourrait devenir une jurisprudence essentielle de l'UEFA. L'avenir du FPF pourrait être totalement remis en question par la décision du TAS: l'UEFA s'est affirmée en exposant les sanctions auxquelles City devrait faire face, mais si le Club gagne juridiquement au TAS, le FPF, mis en place en mai 2010, pourrait devenir un échec. Cette affaire pourrait même aller devant la Cour de Justice de l'Union Européenne (les faits se sont produits avant la date du Brexit) si les avocats engagés par City perdent au TAS. La bataille juridique serait de mettre en confrontation deux droits fondamentaux garantis par les traités européens: le droit de la concurrence et le droit de la liberté d'entreprendre.


Il est pourtant plus probable que le TAS allège les sanctions imposées à City, comme il l'avait fait au AC Milan. Le club italien avait été exclu une première fois des compétitions européennes par l'UEFA à l'issue de la saison 2017-2018. Mais les Rossoneri avait obtenu gain de cause dans un accord passé avec l'UEFA en juin 2019, pour éviter une condamnation plus sévère, acceptant uniquement l'exclusion de toute compétition européenne (à l'époque Milan jouait la Ligue Europa).

Nous sommes donc au début d'une affaire juridique prête pour durer, qui pourrait remettre en cause l'instance de l'UEFA créée par M.Platini en 2010, le Fair Play Financier. Il serait cependant surprenant que l'UEFA perde cette bataille juridique dans la mesure où se lancer dedans est déjà un pari risqué. Le temps nous dira ainsi si Manchester City arrivera à trouver un accord avec l'UEFA comme il l'avait fait en 2014, ou si le Club connaîtra l'une des plus lourdes sanctions économiques et sportives de l'histoire du football européen.


                                                                                                                                                                     Vincent M.


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